Paralysé du côté droit, Thomas Sorel réalise un tour d’Europe en triporteur

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Source : actu.fr, L’Informateur d’Eu, le 22/03/2023

C’est un incroyable défi que réalise actuellement Thomas Sorel. Atteint d’hémiplégie partielle, il réalise un tour d’Europe au guidon de son triporteur. Une vraie leçon de vie !

Thomas Sorel réalise un défi à la fois sportif et humain en réalisant un tour d’Europe au guidon de son triporteur. Souffrant d’hémiplégie partielle depuis sa naissance, il a déjoué les pronostics des médecins qui avaient prédit qu’il passerait sa vie en fauteuil roulant. (©Cynthia Lhérondel – L’informateur d’Eu)

Thomas Sorel souffre d’hémiplégie partielle depuis sa naissance. Mais sa paralysie du côté droit ne l’empêche pas de relever des défis. Au contraire ! Le dernier en date : un tour d’Europe en triporteur. Mardi 21 mars 2023, il a fait escale au Tréport, en Seine-Maritime.

Le sourire vissé aux lèvres, ce Lyonnais d’adoption, âgé de 37 ans, vit une aventure extraordinaire.

Il pleut toute la journée ? Il roule non-stop. Il fait trop chaud ? Pas grave, il fait plus de pauses, à l’ombre. Un problème mécanique ? Ce n’est pas un problème. « C’est le mental qui est important », lance Thomas. Le ton est donné.

Thomas a déjoué les pronostics des médecins

Les médecins le voyaient passer sa vie en fauteuil roulant, incapable d’être autonome. Pire encore ! « Les médecins ont dit à mes parents que je serais un légume », confie avec émotion ce baroudeur. Thomas a déjoué leurs pronostics.

Ses parents l’ont aimé, porté, guidé pour qu’il mène une vie la plus normale possible. « Ils m’ont poussé à faire les choses moi-même, même si je prenais plus de temps à les faire. J’ai grandi le plus normalement possible. »

Un parcours scolaire comme les autres enfants

À l’école primaire, il a suivi un parcours classique. Il a continué au collège, juste avec l’aide d’un ordinateur, pour suivre les cours plus facilement. Il a ensuite passé un BEP puis obtenu son bac pro PAO (Publication Assistée par Ordinateur).

Je savais que ce n’était pas mon univers.
Thomas Sorel
Aventurier à vélo

Il change ensuite de voie. Il obtient un BAFA (brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur). Pendant longtemps, il exerce le métier d’animateur dans des colonies, classes découvertes, MJC, écoles maternelles et primaires.

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Son quotidien n’en reste pas moins éprouvant. Il a des difficultés à garder l’équilibre quand il marche. Faire des courses, aller au travail, chaque déplacement prend du temps. « J’ai cherché un moyen de locomotion plus simple pour ne plus dépendre des transports en commun», révèle-t-il.

Il a un objectif en tête : prouver qu’il peut être autonome et mener une vie normale. « Le 20 septembre 2011, à l’âge de 26 ans, je suis monté pour la première fois sur un vélo. Ce triporteur blanc m’a donné des ailes, avec lui, je me sentais capable de repousser encore plus loin les limites de mon handicap », raconte Thomas.

Il n’est plus question d’avoir une vie normale : je veux la rendre extraordinaire.
Thomas Sorel

Il lâche tout et prend la route. « Ce qui me plaît, c’est la liberté. Je n’ai pas de montre. L’heure ? C’est le soleil », résume Thomas.

Il effectue un premier tour de France, trois jours après le déconfinement, en 2020.

Il quitte Lyon pour Sète, longe l’Atlantique, arrive dans le Finistère et tombe en panne sur la presqu’île de Crozon après une aventure de 3 000 kilomètres.

Les délais pour réparer son vélo sont longs. Il doit parfois attendre deux mois pour obtenir une pièce.

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Nouveau triporteur, nouveau départ

Il fait alors une rencontre déterminante. Un professionnel à Bordeaux lui propose un triporteur conçu sur mesure, avec une assistance électrique, une mini-caravane qui lui permet de vivre en totale autonomie. Il prend possession de l’engin quatre mois plus tard.

Fin juillet 2021, il repart avec l’idée de faire un tour d’Europe en triporteur. Depuis, il n’est pas rentré chez lui. Il se laisse porter par l’aventure.

Il quitte Bordeaux, revient vers Nantes puis gagne la Normandie.

Il découvre les plages du Débarquement. Il fait de merveilleuses rencontres dans toutes les régions qu’il traverse. « Sans rien demander, des gens m’invitent chez eux parfois », raconte l’aventurier. C’est le bonheur !

J’ai voulu faire ce tour d’Europe, d’abord pour me faire plaisir. Je veux aussi montrer un autre mode de vie, en marge de la société actuelle qui ne me correspond plus. C’est aussi l’occasion de montrer qu’il faut aller au bout de ses rêves.
Thomas Sorel

Et quand les rencontres ne sont pas au rendez-vous, il dort dans sa petite ‘caravane’. Il possède même un duvet pour résister aux températures extrêmes; jusqu’à moins 40°. L’été, il lave son linge à la main, avec du savon de Marseille. C’est l’aventure.

Parfois, quand les journées sont trop pluvieuses, il se rend dans une laverie automatique. Il peut préparer ses repas grâce à un réchaud. Hier soir, il dormait au Tréport, en Seine-Maritime.

Direction la baie de Somme avec son triporteur

Il a déjà 4 000 kilomètres au compteur. Il partira ensuite vers Ault, Cayeux-sur-Mer pour admirer le spectacle des phoques à la pointe du Hourdel, Saint-Valery-sur-Somme puis Berck, Calais et Dunkerque.

Il quittera alors la France pour le Nord de la Belgique, les Pays-Bas avant de traverser l’Allemagne, du Nord au Sud. Il terminera par la Hongrie.

« J’aimerais faire le retour à vélo, mais j’ai peur de ne pas avoir assez de temps. » Car Thomas a d’autres projets : « Je veux aller à Paris avec mon triporteur à l’occasion des Jeux olympiques et paralympiques en 2024. Pour l’instant, ce n’est qu’un projet, mais j’aimerais être rejoint, quelques kilomètres avant d’arriver sur le site, par des personnes valides et handicapées avec tout ce qui roule, vélo, trottinette, fauteuil roulant, rollers… »

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Il souhaite aussi créer une association pour trouver des sponsors et partenaires pour réaliser d’autres défis. « Je rêve de traverser le Canada d’Est en Ouest », confie Thomas ou encore avaler des kilomètres au guidon de son triporteur, sur chaque continent. Des étoiles plein les yeux, il assure : « J’ai réussi à trouver ce qui me plaît vraiment dans la vie. »

Après les rêves, le retour à la vie ordinaire

Un jour, il reviendra à un mode de vie ordinaire. Et il a déjà une petite idée. Son ancienne vie d’animateur pour enfants a laissé des traces : « Je pense que j’y reviendrai car c’est enrichissant pour eux et pour moi. Je fais avec eux les mêmes choses qu’un animateur valide. Je ne refuse aucune activité avec eux car je refuse qu’ils soient pénalisés par rapport à mon handicap. »

Mais pour l’instant, sa seule devise, c’est : « Profiter de l’instant présent. »

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